Nagham Hodaifa

Nagham Hodaifa

toutes voiles dedans

Ma résidence artistique à l’Hôtel WindsoR Nice

Un mois avant le confinement je me suis retrouvée dans une résidence artistique à l’hôtel WindsoR à Nice, invitée par OVNi et Odile Redolfi, grâce à l’association Act by Art.

Dans un premier temps j’étais en train de re-dessiner des gants et la chemise de nuit, des leitmotivs qui reviennent souvent dans mon travail. Une de mes premières toiles achevées était Les Mimosas, c’était durant le Carnaval, et le Mimosa est, à mes yeux, l’emblème de la ville, de ce séjour de clarté et lumière.

Le bleu azur a commencé à camper dans ma peinture grâce à la contemplation de la Méditerranée. Mais je n’arrivais pas à oublier les horreurs que cette mer a connues au cours des dix dernières années. J’ai décidé de faire une série de toiles intitulées Méditerranée. Fin de tout espoir : un projet humain, une nécessité, dédié à toute personne dont le rêve a pris fin en Méditerranée. J’ai commencé alors les polyptyques, un procédé courant dans mon travail. Je ne savais pas si je pourrais finir ou pas cet ensemble. En effet, la résidence se terminait normalement mi-mars…

L’impensable, le film de « science-fiction » comme je l’ai imaginé, est devenu un fait lorsque nous avons commencé de parler de la Covid-19… suivi du confinement. J’ai voulu être enfermée pour peindre, mais m’y trouver par obligation comme pour toute personne dépassait l’imagination ! J’étais alors à l’hôtel et Odile m’a proposé de rester.

Je m’y suis donc retrouvée confinée et paradoxalement je n’ai jamais eu autant de place pour travailler. Tout à coup j’avais 57 chambres à moi toute seule, ce qui est extraordinaire et effrayant ! L’hôtel s’est vidé peu à peu. Je n’étais ni psychologiquement ni matériellement préparée, car je n’avais pas assez de matériel de peinture pour continuer mon projet pictural. Je suis venue avec une valise pour un mois, les chambres d’hôtel ne sont pas un « atelier », j’y ai déposé mes supports au sol et non pas sur chevalet. Heureusement, j’ai trouvé un magasin où il y avait du papier d’Arches, les beaux papiers sur lesquels j’aime créer et qui me permettent d’utiliser les techniques mixtes telles que je les ai toujours pratiquées. J’ai ainsi continué ma série qui porte sur la Méditerranée, sans pouvoir aller à la mer, dont l’accès était interdit durant toute la période de confinement.

Je ne peux finir ici que par cette « Invitation au voyage » de Baudelaire au WindsoR car chacun va cultiver ses propres rêves de découvreur, en posant sa valise dans ce lieu de repos, en faisant sa propre expérience… Vivre confinée dans un hôtel reste exceptionnel! Le voyage et la découverte font partie intégrante de ma vie. Mais, je préfère parler ici d’errance. Partir est ma destinée, c’est un besoin.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté !

Nagham Hodaifa à Nice, le 31 mai 2020

Bucolique ou presque 2019

commissaire Julien Griffault

Artistes:
Simon Berard, Fabien Boitard, Jérémy Griffaud, Julien Griffaud, Aïcha Hamu, Laurent Perbos, Nicolas Rubinstein, Quentin Spohn, Anna Tomaszewski, Caroline Trucco

Depuis le XVIème siècle, la tradition du paysage est dominée par des représentations qui oscillent entre idéalisme et sublimation du réel. Il est évident qu’en arpentant nos territoires la réalité est souvent bien moins romantique que dans une peinture de Le Lorrain par exemple. Bucolique ou presque s’intéresse précisément au décalage qui peut exister entre ce réel et ce qui est donné à voir. Il s’agit dès lors de prendre un peu distance avec certaines conventions, pour en proposer des alternatives aussi bien formelles que substantielles. Et s’il n’est question ici ni de Virgile ni d’André Chénier, il demeure malgré tout une certaine idée de la nature que nous espérons non dénuée de poésie…

Cette exposition s’inscrit dans “Des Marches, démarches” une exposition organisée par le FRAC PACA.