Un hôtel à part entière. Se non é vero, é ben trovato – il court la légende que l’artiste Picasso, en arrivant dans le Midi, a habité dans un hôtel de Mougins. Et comme c’est son habitude, il a utilisé les murs de sa chambre pour des esquisses, pour des études, bref il a couvert le mur de son art.
Quand Monsieur Picasso a enfin trouvé la maison qui lui convenait, il a quitté l’hôtel et le propriétaire lui demanda de remettre la chambre en l’état, telle qu’il l’avait trouvée en y entrant. Bref, Picasso demanda à un peintre en bâtiment de faire son travail. Cela se passa, il y a bientôt cinquante ans.
Entre temps, Pablo Picasso devint mondialement connu et son œuvre est devenue une « marchandise » hors de prix. Je n’ai pas connu le propriétaire de l’hôtel, mais on m’a confirmé qu’il était désespéré, désolé d’avoir méconnu le talent de son client.
L’hôtel Windsor est différent. Le propriétaire a demandé aux artistes d’intervenir, d’apporter leurs idées pour donner à son hôtel un aspect moderne, un aspect personnel. Monsieur Bernard RedoIfi- Strizzot est persuadé et je pense qu’il a raison qu’un hôtel peut et doit faire partie du patrimoine d’une ville.
Il est persuadé qu’il faut faire un effort envers l’art de notre temps. Il est persuadé qu’on doit vivre avec l’art pour mieux communier, pour mieux sentir le message qu’il nous apporte. En effet, une visite par an au musée ne suffit pas. Et si l’art est l’âme d’une société, il faut le cultiver, il faut le mettre à la portée de tous. Oui, l’art témoigne de notre histoire, l’art est le miroir de notre civilisation. Sans ce miroir, sans art, nous n’aurions pas de trace de nos cultures.
C’est vrai, le musée est une substitution. Les cultures du passé n’ont pas eu besoin de musée. Leur musée était la ville entière avec son architecture, son paysage, avec ses meubles, avec ses décorations, avec son art.
Gottfried Honegger